Lorenzo
Harmonica
Un jour peut-être, le bruit aura remplacé la musique, le son la voix, ou bien peut-être que le silence règnera en maître et aura détrôné les échanges et les partages entre les individus.
L’instrument que je tiens est un harmonica. C’est un instrument de musique. Pourquoi ?
Parce qu’enfant, j’ai appris des rudiments de piano. J’avais du mal à trouver du plaisir en travaillant les fastidieux exercices liés à l’apprentissage de l’instrument. Mais j’ai continué et au début de l’adolescence, ce qui me manquait le plus avec cet instrument lourd et imposant, c’était de pouvoir l’emporter avec moi et partager un instant de complicité par le prisme de la musique avec les autres. Je me suis donc interrogé sur un instrument léger, peu encombrant, et dont les sonorités me parlaient. Et puis un jour, j’ai eu un déclic et je me suis dis que l’harmonica répondait à ce projet. Alors, tout en continuant mes cours de piano, je me suis fais offrir un harmonica, mon premier, par mes parents.
Depuis ce jour, j’ai toujours un de ces instruments dans mon sac lors de mes voyages. Je ne m’exerce pas très souvent, mais je sais qu’il est là, qu’il m’accompagne; qu’en cas de coup de blues ou d’éclat de joie, je peux le sortir et respirer en sons, en vibrations. Mais surtout, qu’au-delà de la technique, je peux explorer, essayer et que le jeu est la.
Alors que je ne l’ai pas sorti de son étui depuis bien trop longtemps, c’est cet outil à sensations que je choisis pour peut-être un jour, parler d’un temps qui n’est plus. Sans doute parce que j’ai projeté dans ce petit instrument mes espoirs d’enfant. Sûrement aussi parce qu’avec lui, je me sens moins seul. Mais surtout parce que pour moi n’importe quel instrument de musique est un pont potentiel entre les gens, les pensées, et que l’expression de ces possibles, bien au-delà de l’objet, nourrit chez moi l’espoir que les générations futures parviendront à vivre harmonieusement ensemble.